Tout a commencé par une accélération de ma conscience, une observation. Je m’éveillais à la croissance résiliente et incessante qui m’entoure. Cette complexité et cette communauté qui caractérisent la flore urbaine sauvage. En se déployant continuellement avec sa poésie secrète, elle crée inlassablement de la beauté dans les recoins des stationnements, des stations-service endormies ou des fissures de la chaussée; les déserts inventés par l’humain se transforment en des lieux de possibilité.
À travers mes projets artistiques où j’étudie la flore sauvage des lots urbains abandonnés et réalise des projets de restauration en cocréation avec la nature, j’ai observé que lorsque l’on se met en retrait, la nature dévoile d’incroyables capacités (de soin) réparatrices. Avec la phytoremédiation, les plantes, les arbres, les champignons et les microorganismes recolonisent des sites post-industriels abandonnés ou des pelouses de monoculture avec une créativité diversifiée, grâce à la guérison et une résilience sans faille. Ces actions m’ont aussi touché sur le plan fondamental en devenant des emblèmes personnels de possibilité et de renouveau, me montrant une autre voie où la collaboration et la cohabitation sont essentielles.
Je me suis demandé si d’autres pouvaient être aussi touché·e·s et transformé·e·s que je l’ai été, est-ce que les messages de résilience et de soin peuvent être entendus collectivement ? Est-ce que, dans une vulnérabilité partagée, nous sommes en meilleure position pour écouter ce que les plantes ont à nous dire ? Pour le projet, j’ai choisi l’organisme PECH-Sherpa, avec qui j’ai collaboré précédemment sur deux autres projets desquels je suis chaque fois ressortie incroyablement nourrie par les échanges authentiques et l’ouverture des participant·e·s.
Ce projet collaboratif, le Jardin de trottoir, est le fruit de plus de dix semaines de marches exploratoires, d’enregistrements photographiques et sonores, de discussions qui se recoupent, de temps de création en atelier et de vibrants remue-méninges entre nous, les membres de la « Friche Collective ». Je me suis non seulement sentie accompagnée dans mes réflexions sur notre flore urbaine sauvage, mais aussi enrichie par l’ajout des voix des autres. Chaque artiste participant·e a apporté sa perspective unique à notre processus de recherche, chacun·e a ajouté un nouveau pétale à la création de ce projet.
Je voudrais d’abord et avant tout remercier tous les artistes participant·e·s pour leur travail passionné et leur engagement. J’aimerais également remercier le Conseil des arts du Canada pour son soutien financier et PECH-Sherpa pour le partenariat qui nous a permis de concrétiser ce projet. Ma plus profonde gratitude va à toutes les plantes sauvages, notre entourage floral qui nous remémore la nécessité de créer de la beauté dans les lieux et les moments les plus désolants.
Ce projet nous rappelle que la résilience que nous observons chez nos cousines végétales peut aussi être ressentie parmi nos semblables. Nous aussi pouvons être les soignant·e·s des lieux oubliés, nous aussi pouvons apporter de la créativité aux paysages arides. Nous réalisons que la volonté même de la vie à continuer et à évoluer est la plus grande force de toutes. C’est en nous comme en elles. Elles sont nous, nous sommes elles.
It all started with a quickening of my awareness, a noticing. Becoming awake to the resilient and incessant growing all around me. This complexity and community that define the urban floral wild. Continually unfolding with their secret poetry, tirelessly making beauty in the corners of parking lots, sleeping gas stations or cracks in the pavement; our human-made deserts are transformed into places of possibility.
Through my artistic projects that study the wild flora of urban abandoned lots and engage in restoration projects of co-creation with nature, I have observed that when we step aside, nature has incredible restorative (care) capabilities, with phytoremediating plants, trees, fungus and microorganisms re-colonizing abandoned post-industrial sites or monoculture lawns with diverse creativity, healing and unrelenting resilience. These actions also touched me on a fundamental level, becoming personal emblems of possibility and renewel, showing me another way forward where collaboration and cohabitation were essential.
I began to wonder if others could be as touched and transformed as I have been, if the messages of resilience and care could be collectively heard? If, through our joint vulnerabilities, we are better positioned to listen to what the plants have to tell us? I chose the organisation PECH-Sherpa for the project, having previously collaborated on two former projects and having emerged from both feeling incredibly nourished by the authentic exchanges and openness of the participants.
This collaborative project, the Sidewalk Garden, is the fruit of over 10 weeks of exploratory walks, photographic and sound recordings, layered discussions, in-studio creation time and vibrant brainstorms between us, the members of the “Friche Collective”. I not only felt accompanied in my reflections on our urban wild flora, but also enriched by the added voices of others. Each artist-participant brought their unique perspective to our research process, each added a new petal to the creation of this project.
I would like to first and foremost thank all the artist-participants for their passionate work and commitment. I would also like to thank the Canada Arts Council for their financial support, and PECH-Sherpa for their partnership in making this project a reality. My deepest gratitude goes to all the wild plants, our floral kin who remind us of the necessity to create beauty in the most desolate places and moments.
Through this project, we are reminded that the resilience we observe in our wild plant cousins can also be felt amongst our fellow human beings. We too can be caregivers of forgotten places, we too can bring creativity into barren landscapes. We realize that the very will of life to continue and evolve is the greatest force of all. It is in us as it is in them. They are us, we are them.